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 Jean-Louis Borloo: "Polluer, c'est ringard!"

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Toinou
Spécialiste de l'Agenda 21
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Toinou


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Date d'inscription : 29/12/2006

Jean-Louis Borloo: "Polluer, c'est ringard!" Empty
MessageSujet: Jean-Louis Borloo: "Polluer, c'est ringard!"   Jean-Louis Borloo: "Polluer, c'est ringard!" EmptyMer 24 Oct - 9:28

Alors que le Grenelle de l'environnement arrive à son terme, le ministre de l'Ecologie explique pourquoi on peut produire et consommer proprement. Transports, logement, agriculture... Il annonce des mesures concrètes.



Au moment où Al Gore et le Giec reçoivent le prix Nobel de la paix, vous voilà arrivé au terme du Grenelle de l'environnement. Quel bilan tirez-vous de ce processus?
Je suis content que nous soyons allés jusqu'au bout, quand beaucoup prédisaient son explosion. C'est en réalité un point de départ. J'ai la conviction absolue que toute la société peut se mettre en mouvement en même temps. Pour bien faire, il faudrait que la France émette à peu près 3 tonnes de CO2 par habitant et par an [la France est à 6,2 pour une moyenne de 10 en Europe]. C'est ce que devrait produire chaque personne sur la planète, pas plus. Pour l'instant, on en est loin. Le grand enjeu de ce bouillonnement du Grenelle, c'est de démontrer que c'est faisable.

Avec ce double prix Nobel, qui reconnaît l'urgence climatique, on va vous attendre au tournant. Vous ne pourrez pas vous contenter de mesures cosmétiques...
Cela n'a jamais été mon intention, ni celle du président, encore moins des membres des groupes de travail. Arrêtons de penser que l'Etat décide de tout. Il faut créer une force d'entraînement, qui passe par le producteur, les grands systèmes de distribution, mais aussi les consommateurs. Depuis ce matin, vous avez tranché au moins trois ou quatre fois entre un choix durable ou non. Vous avez pris un bain ou une douche? Votre mari s'est rasé avec un coupe-chou ou avec un rasoir jetable? Vous avez pris les transports en commun ou votre voiture? L'acte d'achat est un levier puissant. Prenez un grand constructeur automobile, qui commercialise une voiture hybride, connue comme telle. Cette voiture fait un tabac. Mais, quand ce constructeur met le même moteur hybride dans l'une de ses carrosseries classiques, il ne la vend pas. Parce que cette voiture-là n'est pas identifiée comme un véhicule hybride. Les gens qui consomment propre veulent que ça se sache. Polluer, c'est ringard. Je suis convaincu que ces changements de cap assez radicaux s'accompagneront de plus de bonheur, de joie de vivre et de confort.

C'est une idée nouvelle. Il y a peu, lorsqu'on parlait de s'attaquer au changement climatique, on brandissait plutôt les épouvantails de la décroissance, du retour à l'âge de pierre. Là, vous invoquez des notions de progrès et de bonheur. Il s'agit tout de même d'une révolution culturelle: passer d'une société du tout-jetable à une civilisation plus "vertueuse", économe. Comment y parvenir sans en passer par la contrainte?
Il faut commencer par donner l'information. Que vous achetiez une fraise en août ou en décembre, la seule indication que vous avez, c'est le prix, un peu plus élevé en hiver à cause du transport. Rien n'est signalé sur la performance écologique du produit. En indiquant sur l'étiquette des produits l'impact de leur production sur la planète, vous donnez leur prix écologique. Je ne sais plus qui disait la phrase suivante: "Le communisme est mort de n'avoir pas laissé les prix dire leur vérité économique; le capitalisme mourra s'il ne laisse pas les prix dire leur vérité écologique."

A ceci près qu'aujourd'hui la consommation "écologiquement correcte" reste réservée aux plus favorisés. Les produits bio ou les voitures hybrides sont coûteux...
Faux. Utiliser le tramway plutôt que la bagnole, ça n'est pas plus cher... Acheter une petite Twingo, qui émet peu de CO2, ça n'est pas plus cher que se payer une grosse voiture qui pollue! Prendre le TGV plutôt que l'avion pour aller de Paris à Lyon, c'est plutôt moins cher.

Et si on veut aller au-delà de ça? Faire encore mieux?
Si tout le monde commençait par là, cela serait déjà pas mal! Nous proposons de rendre obligatoires les étiquettes carbone et énergétique, à terme sur 90 000 produits, pour aiguiller le consommateur vers ceux qui respectent le plus la planète.

Ça risque d'être compliqué à calculer...
C'est moins dur que de regarder fondre la banquise en restant les bras croisés! Je veux qu'on donne un avantage compétitif aux produits peu consommateurs d'énergie ou dont la conception a émis peu de CO2. Un avantage fiscal ou financier, qui sera financé par le désavantage du produit moins respectueux. Deux propositions différentes sont sur la table: la taxe carbone, ou "contribution climat énergie", qui consiste à augmenter le coût des énergies fossiles plus vite que le pouvoir d'achat. L'autre solution, c'est d'encourager les produits vertueux en taxant les autres. Je préfère cette option-là, qui permet de modifier plus rapidement les modes de consommation, donc de production. Tout le monde est à peu près d'accord pour l'appliquer à l'automobile, par exemple. On donne l'avantage compétitif à la voiture qui pollue moins. Il faut étendre ce principe à tous les produits et à tous les services.

Ce bonus-malus écologique était projet de l'un de vos prédécesseurs, Serge Lepeltier, il y a trois ans...
Absolument!

A l'époque, cette idée n'est pas du tout passée. Pourquoi cela marcherait-il aujourd'hui?
Est-ce qu'Al Gore aurait eu le prix Nobel il y a trois ans? Est-ce qu'il aurait seulement fait son film, il y a dix ans? Les idées mûrissent à toute vitesse. On a des marges de progression gigantesques, si on y met un peu d'ordre et de méthode. Dans le domaine du bâtiment, par exemple. Parce qu'elle est un pays tempéré, que l'énergie nucléaire n'est pas très chère, la France détient l'un des records mondiaux d'émissions de gaz à effet de serre dans le bâtiment: 42% de notre consommation d'énergie y passe. L'objectif est de descendre à 20%. L'amélioration de la performance énergétique du logement, c'est un chantier énorme. Des centaines de milliers d'emplois sont en jeu. C'est de la croissance. Il y a des investissements à faire mais, à l'arrivée, les économies réalisées sont telles qu'on est forcément gagnant.

Autre chantier: les transports...
La stratégie est claire: on n'augmentera plus démesurément les capacités routières et autoroutières. Il faut également limiter les camions de transit sur les autoroutes. Les autoroutes ferroviaires, c'est un concept simple et fonctionnel, avec une vitesse commerciale raisonnable: de Luxembourg à Perpignan, c'est quatorze heures. Le camionneur se repose, il est content. Sa compagnie aussi, parce que le camion roule moins. L'idée, c'est de faire une grande ligne de transit pour mettre sur des trains les 5 millions de camions qui transitent par la France, soit la moitié de ceux qui circulent sur nos routes. On peut aussi développer le trafic maritime, notamment avec l'Espagne et l'Italie.

Et le transport urbain?
Il faut mailler toutes les agglomérations avec des transports en sites propres. Un tramway, cela répond du même coup au problème d'étalement urbain: la ville se concentre et s'organise le long de cette artère.

Tout ceci fonctionne à l'électricité. Cela signifie-t-il qu'on accorde un blanc-seing au nucléaire?
Avec le réchauffement climatique, le débat sur le nucléaire a un peu changé de nature ainsi que l'ordre absolu des priorités, face à l'urgence des émissions de gaz à effet de serre. Huit académies des sciences de grands pays comme les Etats-Unis, la Chine ou la France... ont appelé les chefs d'Etat à travailler, compte tenu de l'urgence, sur la captation et le stockage du Co2. En tout état de cause, le développement des énergies renouvelables fait consensus.

Sur les énergies renouvelables, la France est très en retard...
On va augmenter l'autonomie énergétique partout: dans les bâtiments, la distribution, les lieux de production, les exploitations agricoles, avec un soutien particulier dans les DOM- TOM. On ne peut plus y faire simplement venir du fuel par cargo, alors qu'on dispose sur place de moyens naturels propres! Dans ce cadre, nous devons accompagner le développement d'énergies renouvelables: géothermie, solaire...

Autre grand dossier: l'agriculture. Là aussi, il faudra opérer une révolution culturelle, et sortir de la logique intensive dans laquelle la France est engagée depuis un demi-siècle, avec ce que cela implique comme utilisation de produits phytosanitaires polluants...
L'agriculture française sait que son principal avantage compétitif à l'export, en Europe et dans le monde, c'est la qualité des produits de son terroir. Là aussi, on a des marges de progression phénoménales... Il faut lire les déclarations des représentants de la FNSEA au Grenelle. Nous devons les aider à faire les mutations qu'ils demandent. Concernant le bio ou les produits de saison, on va prendre des mesures très puissamment incitatives. Il faut également améliorer la collecte. De moins de 1% d'agriculture biologique, il faut passer à 20%. En favorisant le bio ou la saisonnalité et la proximité dans la restauration collective, par exemple. Avec 5,5 millions de repas servis quotidiennement, on crée un débouché et un marché de masse qui permettra ensuite d'aller assez rapidement.

Cela réclame tout de même une conversion des mentalités et des pratiques agricoles...
C'est vrai. Il y aura un énorme travail d'accompagnement de la profession. Parce qu'il faut interdire très vite toute une liste de produits chimiques dangereux. On se dirige également vers un accord de principe, un consensus, de réductions massives des intrants [pesticides, insecticides, engrais chimiques], avec des mesures de soutien technique auprès des chambres d'agriculture.

La France est montrée du doigt pour la mauvaise qualité de ses eaux. Comment envisagez-vous d'y remédier?
Nous avons un gros problème d'assainissement, notamment des eaux résiduelles urbaines. Et 36 millions d'habitants vivent dans des zones où les stations d'épuration ne sont pas toujours aux normes. En fin de course, tout cela finit dans les rivières... Il existe un projet complètement ficelé et financé pour créer 126 stations d'épuration avant 2012. Les objectifs seront fixés d'ici Noël.

En matière de gouvernance, comment voyez-vous l'après-Grenelle?
La démocratie française doit intégrer la problématique environnementale comme une donnée essentielle et transversale. Il faut transformer le Conseil économique et social pour l'intégrer. Il faudra créer un Grenelle régional annuel, avec les acteurs locaux. Je pense aussi à un Samu de l'environnement, qui interviendrait rapidement en cas d'alerte à la pollution, par exemple. Quant au Grenelle proprement dit, je crois qu'il faut l'annualiser pour faire le point sur les programmes lancés, voir ce qu'on peut améliorer.

A vous écouter, tout semble plutôt facile...
Je n'ai pas dit que c'était facile, j'ai dit que les idées étaient assez claires.

Imaginons que tout se mette en marche. Et après? Quelle influence la France peut-elle avoir sur le plan international?
Partout, les gens ont plutôt envie que leur pays pollue moins. Mais ils ne savent pas comment s'y prendre. La plupart n'imaginent pas qu'on puisse faire de grands progrès avec les moyens déjà disponibles. On attend de nouvelles technologies miraculeuses, extravagantes, alors que la plupart des solutions existent. Le monde est en mouvement, profitons-en pour devenir des leaders dans ce domaine.
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