Les centres commerciaux "verts" sont quasi inexistants en France, car trop coûteux, mais les sociétés foncières promettent un bel avenir à ces commerces d'un nouveau type, plus agréables à vivre et surtout moins gourmands en énergie.
Moins de dix projets internationaux de centres commerciaux verts sont présentés cette semaine au Salon international de l'implantation commerciale et de la distribution (Mapic) et seulement un en France, une goutte d'eau face aux millions de m2 de projets de centres classiques prévus d'ici 2009 dans l'Hexagone.
Les centres "verts" permettent de réduire au moins de moitié la consommation d'énergie par rapport à des centres classiques, par l'optimisation de l'isolation, la récupération de l'eau de pluie, le recyclage des déchets ou l'utilisation d'ampoules à basse consommation.
Ils "fabriquent" le reste d'énergie nécessaire à leur fonctionnement grâce à des membranes photovoltaïques sur les toitures.
Le phénomène est très récent et il n'y a encore aucune norme européenne en la matière. Si les pays nordiques sont les plus en pointe, la France est nettement moins avancée.
"On a commencé à prendre conscience il y a 5 ans que l'ensemble de notre profession avait défiguré les entrées de villes en France avec ces +boîtes à vendre+ offrant une notion assez minimaliste de l'architecture, de l'urbanisme, du paysage et de l'environnement", explique Antoine Frey, président du directoire d'Immobilière Frey.
Cette foncière présente au Mapic un de ses centres "verts", qui va ouvrir ses portes à Soissons en 2010. Elle devrait ouvrir des centres du même type près de Lille, de Toulouse et de Madrid d'ici 2011.
Cependant, "il y a un vrai facteur de risque avec la crise économique. Il faut espérer qu'elle ne gèle pas les initiatives actuelles", prévient Antoine Peters, manager associé au cabinet spécialisé dans le commerce Kurt Salmon Associates.
Le défi consiste à voir au delà du surcoût, jusqu'à 25% par rapport à la moyenne, et du retour sur investissement plus long. Ce dernier est de 10 à 12 ans pour un supermarché intégrant des initiatives de développement durable (parking photovoltaïque) contre une moyenne de 7 à 8 ans pour un supermarché classique, selon M. Peters.
"Les crises successives ne sont pas venues à bout de l'airbag des voitures! Il en est de même pour le développement durable et de son application aux centres commerciaux", rétorque Jean-Christophe Bretxa, directeur général de la foncière Redevco France.
Ils devraient se développer parce que "c'est un enjeu planétaire, parce que la loi l'imposera et surtout parce que les centres commerciaux verts sont plus agréables à vivre que leurs aînés", ajoute M. Bretxa.
Les foncières expliquent que le surcoût est en partie amorti par une augmentation du loyer, acceptée presque volontiers par les enseignes qui voient fondre leur facture d'électricité.
Redevco, mais aussi Altarea se sont ainsi fixées pour objectif de n'ouvrir que des centres verts dans les années à venir. La grande distribution s'y met aussi, notamment Système U qui vient d'ouvrir son premier hypermarché répondant à la démarche Haute qualité environnementale (HQE).
"Le développement durable, cela ne marche que si tout le monde y trouve son compte. Il ne faut pas que le consommateur paie plus cher, l'enseigne ne doit pas avoir un résultat déséquilibré par rapport à un parc classique et le bailleur doit avoir une rentabilité aussi bonne que dans un centre ancienne génération", résume M. Frey.
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